L'orgueil
Nous avons tous entendu parler de l’orgueil matérialiste, intellectuel ou spirituel. Il est assez facile de constater les comportements orgueilleux chez ceux et celles qui expriment haut et fort leur sentiment de supériorité et de pouvoir. Cependant, l’orgueil est beaucoup plus subtil que ça. Il se cache dans les moindres recoins de la personnalité, comme la pensée subjective le fait avec l’égo, et prend des formes aussi inattendues qu’originales. Son degré varie selon le niveau de conscience et de transparence de l’égo.
L’orgueil est une attitude psychologique qui pousse l’égo à vouloir attirer l’attention sur lui. Par le fait même, il s’approprie un certain pouvoir sur toute personne qui se laisse magnétiser par le piège de la fascination et qui est attirée dans les filets de la personne orgueilleuse. Cette dernière est conséquemment nourrie de l’énergie polarisée qui lui est réfléchie par les autres et lui donne donc, proportionnellement à l’attention accordée, une mesure de son importance. Ceci étant dit, les fameux filets sont souvent si subtils qu’ils donnent l’impression aux autres qu‘ils sont libres de l‘influence de la personne orgueilleuse. La pitié en est un excellent exemple. Même les plus sceptiques seraient confondus!
Dès qu’un égo se prend au sérieux, il veut attirer sur lui des regards approbateurs ou réprobateurs et il y a orgueil. Quel que soit le comportement, tels la fausse modestie, la fausse humilité, le faux courage, l’apitoiement, la rationalisation d’une réaction égoïque, la volonté de se montrer plus intelligent, le jugement sur autrui, et ainsi de suite, ils sont tous issus de la grande crainte, souvent inconsciente mais non moins souffrante, de découvrir l’illusion de son libre-arbitre. L’orgueil est une souffrance car il est construit sur les fausses représentations de ce qu’est le pouvoir. C’est une forme plus ou moins subtile
de domination imposée aux autres, alors qu’on est soi-même absolument dominé par la valeur de leurs lectures à notre égard. C’est un manque d’amour envers sa personne que l’on cherche à compenser, pour des raisons d‘équilibre entre le mental et l’émotionnel, par un sentiment d’amour-propre, rendu vivant par l’image de soi reflétée à travers le miroir des yeux des autres.
L’orgueil manifesté par la polarité du sentiment de supériorité ou d’infériorité est donc un voile, un mensonge derrière lequel se cache la peur de n’être rien du tout à ses propres yeux aveugles de la réalité cosmique de sa vie et de son identité universelle.
Michèle Robinson
Décembre 2010