Le témoin
Au fur et à mesure que l’égo est mis en transparence à travers les souffrances initiatiques qu’il vit durant le processus de fusion, celui-ci devient de plus en plus conscient de la présence de son ajusteur de pensée. Non pas que ce dernier se manifeste nécessairement avec des mots dans les moindres faits et gestes du quotidien. Les mots sont surtout entendus lorsqu’une question spécifique est posée, car le réflexe d’établir un dialogue au lieu de réfléchir une pensée ne vient pas naturellement à l’égo, surtout au début de sa mise en vibration. Par contre, il n’en reste pas moins qu’une communication s’établit et que l’égo intercepte de plus en plus la subtilité de la vibration de l’ajusteur de pensée. Il sait dorénavant qu’il n’est plus seul et il se sent accompagné d’un témoin en tout temps.
Bien que cette dualité soit une illusion puisqu’en fait, ce témoin est sa propre contrepartie cosmique, l’observation des manifestations émotionnelles de l’égo face aux situations quotidiennes engendre une vigilance de plus en plus aiguisée qui permet à ce dernier de recevoir télépathiquement le message du témoin l’informant de l’astralité de ses pensées et réactions retardataires. C’est un renversement complet où, contrairement à l’effet miroir involutionnaire qui nous incitaient à ne voir que la polarité de la forme et à y réagir, ce témoin nous invite à prendre conscience de l’illusion de cette image et à faire un volte-face à cette farce qui a déjà duré trop longtemps. Mais attention! Il ne s'agit pas ici de se mettre la tête dans le sable pour se cacher de l'événement et, conséquemment, s'éviter de la souffrance. Ce serait continuer de se mentir à soi-même.
C’est ainsi que, graduellement, le temps planétaire entre la réaction égoïque et la prise de conscience de son manque d’intelligence diminue. À force d’ajustements, la capacité de contenance réduit cet écart jusqu’au point où le cap du temps zéro est dépassé pour dorénavant donner lieu à la prise de conscience avant la réaction égoïque dont on peut voir le nez essayer de se pointer. C’est le temps de l’esprit auquel on vient de toucher. Peu à peu, la personne a de plus en plus de facilité à rester neutre, c’est-à-dire qu’elle répond de moins en moins à la force électromagnétique des formes qui l’incite à quitter sa centricité pour l’amener en périphérie et la plonger dans la réflexion de sa propre lumière. L’accès au temps de l’esprit par le mental supérieur favorise la neutralisation instantanée des impulsions de l’âme pour laisser la place à un savoir qui rend l'égo de plus en plus transparent, donc plus intelligent et moins naïf face à la valeur polarisée donnée à la forme.
Les souffrances psychologiques se transforment ainsi en tension psychique et l’énergie du choc, au lieu d’être utilisée au profit de la maturation de l’âme et de la délectation de ses amies désincarnées, est récupérée au bénéfice de la conscientisation de l’égo et de sa manifestation créative dans la matière. Mais rien ne nous est donné. Tout doit être arraché de force, miette par miette, aux plans qui nous dominent. C'est à grands coups de volonté qu'on s'introduit dans nos peurs les plus profondes afin de les faire éclater et y récupérer sa souveraineté mentale. Éventuellement, plus le mental est purgé de sa crasse, plus l'égo vit la paix de l’esprit, plus il goûte à la réelle liberté, plus le témoin change de fonction, car le "moi et l'autre" devient Soi.
Michèle Robinson
Octobre 2010