La deuxième déprogrammation
Les personnes en processus d’évolution de conscience qui ont reçu une instruction supramentale portent un regard différent sur la vie et sa science. Depuis plusieurs années, leur canal s’est ouvert et est resté ouvert à la domination de l’ajusteur de pensées qui devrait, en principe, fournir une information intelligente, c’est-à-dire non colorée, lorsque la personne en manifeste le besoin. Mais, ce n’est pas toujours le cas. Pourquoi? Parce que certaines d’entre elles accordent toujours et encore plus d’importance à leur processus de conscientisation qu’à leur bien-être dans la matière. Elles se sont tellement imprégnées des connaissances supramentales qu’elles ne réalisent pas qu’elles en ont fait une philosophie intellectualisée et elles se confondent en citations, concepts et interprétations de toutes sortes pour prouver, du haut de leur autoritaire piédestal, qu’elles ont une conscience.
Il est facile de discourir sur toutes les belles notions de l’intelligence et du mensonge nous empêchant d’y accéder. Mais quand la vie nous met face à nous-mêmes, avons-nous toujours la volonté d’appliquer ce que l’on prêche? Le voile le plus opaque et le plus pernicieux qu’est l’orgueil spirituel plonge ces personnes dans l’abîme de la honte d’être encore humains. On a peur d’admettre, même à soi-même, que l’on souffre encore psychologiquement, car ce serait l’aveu d’un manque
d’intelligence. On a peur d’avoir trop de plaisir, car on pourrait se faire ramasser par l’expérience et que, de toute façon, c’est un manque d’intelligence. On a peur de parler de façon transparente de peur d’être jugés par, prétendument, plus conscients que soi. On a peur de ses propres pensées qu’on sent encore colorées et on les glisse sous le tapis avec l’anxiété que quelqu’un puisse en découvrir la cachette. On se console donc en croyant que les gens sans trop de problèmes de santé, financiers, professionnels, ou familiaux n’évolueront pas aussi vite. On dira que ça fait partie de leur programmation, mais on n’avouera jamais qu’ils ont géré leur vie de façon plus intelligente que soi. La subtilité de la domination a atteint son paroxysme.
Nous avions pourtant été avertis des pièges. Qu’arrive-il alors? Les gens s’isolent. Ils se divisent et ne communiquent plus. Ils ne savent plus rire. Ils ne savent plus s’amuser. Ils ne savent plus vivre et ils se font accroire qu’ils assument leur
programmation au lieu de la subir. Faut le faire! Ils souffrent en silence. C'est la solitude de l’initié qui n’en finit plus. Quel honneur! Se déprogrammer de ce lavage de cerveau et refermer le canal est pourtant la seule solution pour continuer d’évoluer, car le processus ne diffère pas de tout autre bris de dépendance. L’admettre, surmonter sa peur de perdre ses acquis, et avoir la volonté de faire sauter la domination à laquelle on est assujetti, même si elle vient de son ajusteur de pensée, c’est réapprendre à s’appartenir.
Une deuxième déprogrammation. C’est bien de cela dont il s’agit. C’est un passage obligé pour se réapproprier sa vie. Repasser au peigne fin chaque aspect qui cloche et l’anéantir en sachant que le mensonge le plus subtil peut ressembler à
la réalité. Intégrer par la souffrance a fait son temps. Inutile de continuer à vociférer contre les forces. C’est à nous ici-bas d’y mettre un terme et c’est faisable à la condition de savoir qu’une vie agréable et paisible, c’est un droit et c’est non négociable. Nous sommes maintenant équipés mentalement pour le faire et nous devons dorénavant refuser de choisir entre la conscience et le sourire sur nos lèvres.
Michèle Robinson
Novembre 2010